La prospection aérienne et les fouilles montrent que l’environnement archéologique de la villa d’Escolives est particulièrement riche, avec une occupation humaine attestée depuis le Néolithique. Pour le Néolithique moyen (4500 – 2500 av.J.-C), on a repéré des traces d’habitat : trous de poteau et fossés d’enceinte. Une nécropole, en partie fouillée, comportant une dizaine de longs « monuments funéraires » organisés en chapelet, y est associée. Formés tantôt de tertres allongés, tantôt de longs enclos ceints de palissades, ils sont orientés est-ouest. Pour l’âge du Bronze (1800 – 900 av. J. – C.), ce sont des enclos circulaires et quadrangulaires contenant des incinérations et une inhumation qui ont été fouillées. Des sépultures datées de l’âge du Fer
(850 – 52 av. J. – C.) ont également été découvertes. À la période gallo-romaine, une imposante villa et ses dépendances agricoles (pars rustica), s’étendant sur plus de quatre hectares, est implantée à proximité de la voie « d’Agrippa ». Celle-ci relie Rome à l’Angleterre via Lyon et Amiens, en passant par le port de Boulogne. Le tracé de l’actuelle D 606 reprend par endroits cette voie, mise en place à partir de 19 av. J. – C. Dans le courant du Ve siècle, la villa semble abandonnée. Une nécropole s’installe alors dans les ruines.
En près de quarante ans de fouille aux lieux-dits « Grippe-Soleil » et « Champ des Tombeaux », 354 tombes mérovingiennes ont été inventoriées : inhumations en pleine terre, dans des sarcophages de pierre (une trentaine) et également peut être dans des coffrages de bois. Un abondant mobilier constitué principalement d’éléments d’habillement ou de parure (fibules, plaque-boucle de ceinture, perles de verre, etc.) a été découvert en association directe avec les inhumés ou dans l’environnement des tombes. Son étude et celle des sarcophages nous apprennent que la nécropole a été utilisée entre la fin du VIe et le VIIIe siècle de notre ère. Les inhumations les plus anciennes se trouvent au nord des constructions antiques. Elles sont ensuite directement implantées sur celles-ci. Bien que d’autres sarcophages aient été mis au jour près de l’église St-Pierre et St-Paul, rien n’indique qu’il s’agisse là de l’extension maximale de la nécropole, plutôt que de la jonction de deux zones funéraires, distinctes à l’origine. La mention du toponyme « Scoliua » dans le règlement liturgique d’Aunaire (585 – 592) est communément rattachée à l’église actuelle. Certains chercheurs avancent également l’hypothèse d’un oratoire privé dans la villa, oratoire reconnu comme paroisse par l’Église avant la fin du VIe siècle.
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