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La découverte et les recherches

A la fin du XIXe siècle, le répertoire archéologique rédigé par M. Quantin signale seulement la découverte de quelques tuiles romaines à Escolives. Vers 1950, l’archéologue et linguiste Paul Lebel voit dans le toponyme  » Escolives  » une racine celte, Scoliva, évoquant une source, peut-être divinisée. Mais ce n’est qu’à partir de 1955 que l’archéologie va permettre de connaître l’importance du site d’Escolives à l’époque gallo-romaine en particulier. En mars de cette année, un noyer est arraché et les ouvriers et habitants du village aperçoivent des sépultures investies par les racines de l’arbre. Ils ont le réflexe d’appeler un archéologue amateur très actif dans l’Auxerrois : Raymond Kapps. Ce dernier, professeur au lycée Jacques Amyot d’Auxerre, vient constater que les sépultures datent de l’époque mérovingienne et sont installées dans les ruines de bâtiments plus anciens. C’est le début d’une grande aventure humaine et scientifique puisque d’année en année, l’importance du lieu devient de plus en plus évidente.


Photo de Raymond Kapps
Raymond Kapps

Raymond Kapps recrute d’abord ses élèves du lycée durant les congés scolaires, puis des collègues et d’autres amateurs d’histoire et d’archéologie d’Auxerre, Escolives et leurs alentours. La découverte de blocs sculptés à partir de 1959 augmente encore l’intérêt général pour le lieu. Raymond Kapps, formé aux méthodes de fouille par André Leroi-Gourhan, est obligé de délaisser de plus en plus la préhistoire pour l’époque gallo-romaine. Aidé et conseillé toujours par André Leroi-Gourhan (CNRS), travaillant alors à Arcy-sur-Cure, Raymond Kapps continue à diriger le chantier de fouilles et poursuit sa tâche jusqu’en 1983. Des centaines de bénévoles et quelques professionnels de l’archéologie passent leurs étés à Escolives, forgeant au fil des ans une équipe qui fouille, classe, photographie, dessine et publie les découvertes archéologiques. L’Université de Bourgogne (avec les enseignants d’archéologie Roland Martin et Claude Rolley) et le CNRS (avec surtout Albéric Olivier, du bureau d’architecture antique de Dijon, Thérèse Poulain, archéozoologue ou Michel Girard, palynologue) mènent régulièrement des études sur le site d’Escolives.

Après le décès de R. Kapps en 1984, c’est l’un des membres de son équipe (depuis 1968) qui prendra sa suite : Daniel Prost, professeur d’histoire en Côte-d’Or. Aidé par son épouse Monique, elle aussi fidèle à Escolives depuis 1967, il dirige le chantier de 1984 à 1989. Sa formation d’historien à l’Université de Bourgogne, dont un DEA consacré au site d’Escolives-Sainte-Camille, lui permet de rédiger un bon nombre d’articles scientifiques sur les découvertes d’Escolives. Ses fouilles du captage de source gallo-romain donnent également lieu à des découvertes majeures entre 1985 et 1987. À la demande du service archéologique du Ministère de la Culture, il commence à classer l’abondante documentation assemblée depuis 1955, afin de rédiger une synthèse sur l’ensemble gallo-romain. Malade, il décède brusquement en janvier 1990.

Daniel Prost, cliché Aline Vertut-Doï.

Le Ministère de la Culture, désireux de préserver le travail réalisé depuis 1955, charge alors l’une des membres de son équipe, étudiant l’archéologie, de poursuivre ce travail de classement des archives de fouille et de mise en valeur du site. Pascale Laurent dirige depuis les différentes étapes de ce travail de longue haleine. Différentes études ont ainsi pu être menées en collaboration avec d’autres archéologues professionnels et des étudiants en archéologie et géoarchéologie, aboutissant à des publications régulières tant pour le public que les archéologues. P. Laurent est chercheure associée à l’UMR 62 98 Artehis de l’Université de Bourgogne. Les fouilles de terrain n’ont plus lieu depuis 1998, au profit de différentes études et publications et en vue d’une publication de synthèse sur les recherches depuis 1955.

La médiation culturelle est aussi un axe important, développé par Monique Prost jusque dans les années 1990, puis par P. Laurent, avec la création d’ateliers pédagogiques et d’activités de médiation culturelle qui perdurent et se développent encore aujourd’hui.

Pascale Laurent, cliché SAE.

D’autres chercheurs et archéologues ont mené ponctuellement des recherches à Escolives-Sainte-Camille, dans le cadre d’opérations d’archéologie préventive ou de fouilles programmées.

François Poplin, a débuté très jeune l’archéologie sous la houlette de Raymond Kapps et fouillé à Escolives durant plusieurs années, y compris lors de ses études. Il s’est ensuite dirigé vers Arcy-sur-Cure et a intégré l’équipe d’André Leroi-Gourhan. Devenu archéozoologue, il a longuement travaillé au Museum d’Histoire naturelle de Paris. Il a dirigé une fouille préventive d’un site protohistorique avant sa destruction par l’exploitation d’une gravière à Escolives-Sainte-Camille. Spécialiste des ivoires, il a étudié ceux d’Escolives-Sainte-Camille.

En 1986, l’AFAN (Association des Fouilles Archéologiques Nationales, devenue depuis l’INRAP) a mené une opération d’archéologie préventive à La Cour Barrée sous la direction de Sylvie Defressigne.

Des monuments funéraires néolithiques ont été initialement décelés par des photographies aériennes de Jean-Paul Delor. Grâce à l’aimable collaboration du propriétaire, M. Arsène Demets, des sondages et plusieurs campagnes de fouilles ont pu être entrepris de 1996 à 1999. Ces travaux, conduits par Pascal Duhamel (Ministère de la Culture, UMR 6298 ArTeHis, Université de Bourgogne) et Magdalena  Midgley (Université d’Edimbourg), ont mis au jour les vestiges d’au moins 7 monuments funéraires et d’une douzaine de sépultures, dont seules subsistent les parties creusées dans le sol. Les recherches ont été menées dans le cadre d’un projet de recherche sur les origines et les mutations marquant l’éclosion du Néolithique moyen en Sud-Est du Bassin parisien.

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